Catch all them bitches

Un lent sourire s’étire sur ses lippes ; la fin est proche, il le sent. La bête s’essouffle, traquée qu’elle est, et sa course devient erratique, ses foulées, pesantes. L’éphèbe se penche plus avant sur l’encolure de sa monture, donnant du talon et s’accrochant étroitement à la crinière coruscante du molosse. Il gagne du terrain sur la proie et peut déjà sentir le poids des pécunes alourdir sa gibecière. Des semaines qu’il n’a pas fait chère décente, des semaines qu’il s’assoupit dans cette foutue tente à l’odeur rance. Alors, lorsqu’un quidam l’accoste et lui commande d’attraper un certain spécimen, le pauvre diable ne se fait guère prier. Certes, la contrebande n’a jamais été la carrière dont il rêvait, bambin, d’avoir mais l’indigence est là et il faut bien l’éradiquer. Il a eu vent, en traînant d’innommables cloaques, des sévices que ces « collectionneurs » font subir au gibier, et Ethan en a bien conçu, de primesaut, quelques scrupules mais lorsque que le badaud a asséné son prix indécent, la culpabilité s’est promptement fait muette face aux rugissements de la cupidité.

Soudain, la bête fait volte-face, se sentant probablement acculée, et fait front, frappant le sol de ses sabots d’un air courroucé. La monture d’Ethan marque l’arrêt et celui-ci s’en laisse glisser élégamment. Il se sent serein, l’assurance tranquille de celui qui se sait sur le point de triompher et, accessoirement, de se faire renflouer, ayant toute fiance en l’adresse de son arcanos. Le Tauros, quant à lui, cesse de tergiverser et charge son adversaire, mû par l’énergie du désespoir. Prestement, Arcanos esquive, la corne de sa proie effleurant son flan, et réplique par une vive-attaque afin de bousculer et repousser le musculeux bovin. « Assez joué, mon grand. Finis-le. » lance Ethan, soucieux de boucler la chose au plus vite et de palper sa charnue récompense. La bête ardente obtempère, faisant déferler sur le malheureux gibier le feu des enfers, une véritable déflagration qui enveloppe sa cible de pied en cap, cette dernière laissant échapper un misérable mugissement. Dans l’air, une odeur de poils et de chair calcinés qui retourne l’estomac du garçon et lui tord le cœur. La géhenne de la bête fait bourgeonner en lui des remords, celle-ci souffrant mille morts, pour finir, au mieux montée sur un mur. Il hésite, l’espace d’une seconde, et cela suffit pour qu’une pokeball jaillisse d’un buisson et absorbe la créature. Ethan ne peut que contempler cette damnée sphère rouler jusqu’à se figer sur place, semblant le narguer odieusement. Médusé, il jette un regard circulaire aux alentours, cherchant des yeux l’auteur de cette félonie. Non loin, une silhouette. « Bitch !!!!! »